Do Not Interrupt Your Activity - Galerie de l'erg
Galerie de l'ergBruxelles, Belgique6-7-8/12/19http://galerie.erg.be/
espace p( )tentiel a réuni à la Galerie de l’erg des propositions artistiques actives qui dessinent chacune de multiples expériences de l’attention.
Do not interrupt your activity promet de poursuivre une activité avec une autre qualité de temporalité par la continuité temporelle que peut représenter le geste esthétique, tout en stipulant de ne pas s’arrêter, de ne pas être distrait par autre chose que par ce qu’il se passe, alors que chacun ne cesse de sauter par phases ininterrompues et successives, d’une activité à l’autre.
Ces journées à la Galerie de l’erg seront une réappropriation consciente de la durée, dans le flux du temps continué, perpétuel, aliéné du monde connecté.
Do not interrupt your activity réagit au temps minuté, autant qu’ininterrompu du travail.
L’expérience contemporaine du temps devenue anxiogène, intriquée à la probabilité de l’extinction des espèces, si elle se poursuit autrement, que pourrait-il en surgir ?
Ce temps, nous le proposons, sous la forme d’une échappée, à ce qui fait habituellement l’activité, essayant de faire coïncider l’activité du travailleur, et l’activité du rêveur, à partir de la possibilité donnée aux visiteurs, d’une observation continue, définie non plus par le rendement, mais par l’expérience artistique.
Rendre compte de l’expérience artistique avec un autre degré de compréhension est une forme d’expérience attentive de la situation. Les types d'expériences qui peuvent souvent se produire dans des projets artistiques socialement engagés (y compris des interventions radicales) sont représentatifs de ces actes d’attention. La création artistique se déploie, autant comme fiction critique, que comme espace attentif au réel.
Une attention rendue manifeste par la mise en oeuvre de collaborations entre des situations, des contextes, des personnes rencontrées, des intervenants. Ce partage d’expériences agit à l’intérieur d’un espace offert par le champ artistique, mais aussi offert par la vie, en dehors de toute pratique artistique.
Les expériences artistiques sont des expériences attentives à nos manières d’exister, à la réalité, à l’intelligence des situations. Cette participation sociale, et attentive, à la création artistique, va définir une sorte de territoire, qui est autant un espace dramatique, qu’un espace attentif au réel. Les espaces alternatifs, les laboratoires flottants politiques et artistiques nous permettent d’aborder la question de la fonction critique de l’attention, et comprendre comment participer à l’écriture de ce qui nous entoure, dramaturgiquement.
Praticiens, chercheurs, peuvent apprendre beaucoup, en pensant un espace propice où l’art peut être vécu sous une forme dramaturgique par les participants.
Si la scène mondiale est dramatique et dramatisée, il existe « un espace de jeu », où la dramaturgie apparaît comme une autre manière d’aborder les modalités sociales, économiques et géographiques du travail artistique, et de la société. Et cela, selon des destinées collectives, plutôt qu’à partir de la prééminence des parcours individuels. La dramaturgie, en tant que charge esthétique expressive, permet de rendre compte de l’expérience, avec un autre degré de compréhension, et selon une sorte d’expérience attentive de la situation.
Do not interrupt your activity procédera selon un commissariat inversé, où les artistes donneront la mesure du temps et de l’espace, notamment à partir de leur propre relation à la temporalité ; actifs à jouer sur des reprises, des commencements, des interruptions, des durées non conventionnelles.
Raya Lindberg (Espace potentiel)
Listes des œuvres et des artistes
Martyr (carpet), 2017 ; Instant drawing (blue sky), 2019.
Les mises en espaces de Michel François posent souvent à travers une fascination pour l’objet vivant, ou inerte, une sorte d’empirisme, mis à l’épreuve de l’imaginaire. Par le biais d’un tapis persan, noirci à l’encre, que le frottement répété des pas révèle sous la forme d’un cercle concentrique ; l’activité du marcheur devient celle du martyr, qui endure le temps jusqu’à l’épuisement. Rendu tangible, le drapeau noir du fondamentalisme religieux, recouvre d’un même tenant, ce symbole de la tradition orientale du tissage. Tout porte à croire que l’activité lancinante de la marche arrive alors à ramener le motif à la surface ; attentif à déchirer le voile. Quant au ciel brut d’Instant Drawing selon un trait qu’on pourrait croire infini comme l’azur, il est fait d’un trait de craie effaçable, comme si le ciel s’interrompait, une trace marquée par le vers de Rimbaud lui-même succession de points heurtés dans l’instantanéité de la sensation présente : « Elle est retrouvée. Quoi ? – L'Eternité. C'est la mer allée. Avec le soleil. »
https://www.xavierhufkens.com/artists/michel-francois
Michel François, Martyr (carpet) |
Michel François, Instant drawing (blue sky) |
Claude Cattelain (vit et travaille à Bruxelles)
Du sable à la poussière est une vidéo qui présente sur 3 heures 57 la marche dans le sable de Claude Cattelain, sauf qu’il ne parcourt pas l’espace, il le creuse inlassablement jusqu’à s’enfoncer dans le sol. L’activité du marcheur est aussi celle du rêveur, l’important n’étant pas le chemin parcouru, mais le temps passé à marcher, ou peut-être même à creuser dans la durée, un abri à certains égards mortifère. Les panneaux de bois cloutés, et brûlés, de Nailed Lid off, rendent compte d’un âge ancestral, où la tablette d’argile était la surface des écritures cunéiformes. Dans sa version contemporaine proposée par Claude Cattelain les clous métallisés sont restés dans le support, métaphore de la mémoire impactée par une vie d’expériences.
http://www.claudecattelain.com/cc_videos_from_sand_to_dust.html
Claude Cattelain, From sand to dust |
Robert Suermondt (vit et travaille à Bruxelles)
Horizon, 2018 ; Rempart, huile sur toile, 2019 ; Tournée, huile sur toile, 2019.
Dans les toiles de Suermondt, un dédoublement s’opère : le visage que l’on voit est projeté, diffracté, et se concentre sur les périphéries plutôt que sur les faces. Toutes les peinture, sont faites dans cette visée de dégager une autre image d’un face à face initial. Robert Suermondt est attentif aux tournoiements des lignes des fuites, et des perspectives, tel que le renverrait un miroir brisé, ou le vent qui déplacerait une feuille, sur tous ses côtés à la fois. Le résultat "envisagé" restant peu visible, le tableau multiplie ainsi les angles de vues, et reporte un temps continu, en même temps que segmenté. Tournée répercute ainsi la cadence performative et motorisée du monde de l’entreprise, faite de tempos courts, et dépersonnalisant.
Robert Suermondt, Rempart |
Robert Suermondt, Tournée |
Robert Suermondt, Horizon |
Histoire de l’art poncée, bâche en plastique poncée, 2018.
Tatiana Bohm procède par transmutation et détournement d’objets et de documents trouvés. La matière de ses icônes plastiques se trouve alors relue selon une visée politique et actuelle. L’idée restant de replacer le réel dans une mémoire inventée. L’expérience du geste esthétique, et l’activité attentive et répétée du ponçage prennent le pas, dans une large mesure, sur la conservation des œuvres, et l’histoire de l’art. Les Maîtres anciens disparaissent ainsi sous la couche ripolinée du temps, autant que sous les multiples interprétations de la muséographie, qui les accompagne.
https://tatianabohm.wordpress.com/about/
Tatiana Bohm, Histoire de l’art poncée |
Actus, installation vidéo, 2017.
Dans le huis clos étouffant d’Actus, l’individualité de chacun des protagonistes est absorbée par le paradigme conjugal, telle une boucle temporelle. Kika Nicolela recompose, ainsi, une existence ordinaire , comme les pièces d’un puzzle d’images apparemment semblables, qui révèle des vérités contradictoires. Des scènes identiques peuvent ainsi se révéler sensiblement autres, suivant ce paradoxe, que du même, surgit parfois, du différent. À partir des gimmicks perpétuels du couple, Kika Nicolela, déroule alors l’envers du décor de nos vies banales, leurs fils secrets, tout en cherchant leurs points de raccordement. L’attention se porte autant sur le gâteau, que sur les multiples états du théâtre intime de la conjugalité.
https://www.kikanicolela.com/
Kika Nicolela, Actus |
Effi & Amir (vivent et travaillent à Bruxelles)
The Vanishing Vanishing-point, installation vidéo, 2015.
Les vidéastes Effi et Amir migrent d’Israël en Belgique en 2005. Un olivier, arbre méditerranéen par excellence, planté dans le parc Léopold, devient dès lors le point de mire de leur exil. L'état de l'arbre se détériore progressivement jusqu'au printemps 2012, où il a été enlevé, laissant une plaque de terre sur l'herbe. L’arbre dans Google Map est cependant toujours là mourant continuellement. The Vanishing Vanishing-point est une sorte de film-essai, une chaîne de pensées et d'observations, parfois concrètes, parfois poétiques, évoluant au cours d'une promenade contemplative dans un jardin européen. La vidéo est surtout un questionnement sur ce déplacement actif et passif de la migration, autrement dit sur ce qu’on laisse, ce avec quoi on part, sur ce qui meurt, et pour finir sur l’archivage de nos vies par la mémoire digitale.
https://vimeo.com/108927467
https://effiandamir.net/
Effi&Amir, The Vanishing Vanishing-point |
Enseignant-chercheur, Emmanuel Rébus, explore, hors du monde académique, et au sein du collectif "La Générale", à Paris l'interface des arts et des sciences. Ses recherches actuelles portent sur la mathématisation, et la numérisation du monde, et sur ses limites, particulièrement en ce qui concerne le vivant, et le biologique. Sa performance sonore est une adresse à la dualité discrète / continue, basée sur une documentation scientifique, et traitée via de "vieux" médias analogiques.
Emmanuel Rébus |
Gilles Hellemans (vit et travaille à Bruxelles)
Adhesives Solutions, installation multimedia, 2019.
Les barrières métalliques, électriques, dans le paysage urbain forment des limites à ne pas franchir. D’actifs, nous devenons alors passifs, et soumis à la démarcation imposée. La liberté de circulation se trouve souvent en contradiction manifeste avec la réglementation des territoires. En transit, et parfois rejeté de toute part, que se passe-t-il, alors, pour celui qui cherche refuge ?
Adhesives Solutions, installation multimedia, 2019.
Les barrières métalliques, électriques, dans le paysage urbain forment des limites à ne pas franchir. D’actifs, nous devenons alors passifs, et soumis à la démarcation imposée. La liberté de circulation se trouve souvent en contradiction manifeste avec la réglementation des territoires. En transit, et parfois rejeté de toute part, que se passe-t-il, alors, pour celui qui cherche refuge ?
Gilles Hellemans, Adhesive solutions |
ArchitectÜr KO19, 9 dessins graphite sur papier, 2019.
Des dessins comme autant de fictions critiques où est figurée la limite subtile, entre le réel d’une architecture moderniste, et l’imaginaire de l’utopie. L’activité urbaine hyper continue est en cela suspendue, pour laisser place à la monumentalité, quasi patrimoniale, de bâtiments construits, sur des planètes exogènes. Si l’image est arrêtée, l’An O peut bien, quant à lui, commencer. Le travail minutieux du dessin, et l’absence de couleur viennent rappeler combien la graphie se déploie sur un temps long rythmé par la valeur de contraste des noirs et des blancs.
http://www.galerie-goutal.com/philippe-calandre/
Philippe Calandre |
What if I get out of the line?/ Et si je dépasse la ligne ?, performance, 2019.
Il se pourrait, explique Eve Bonneau, que «sentir» devienne une position sociale, et nous permette de faire l'expérience d'une tension dans un espace-temps donné. Ensuite, il suffit d’observer la transformation opérée. En cela, la ligne est un symbole intime et secret, différent pour chacun-e d'entre nous. L'au-delà est fantasme, peur, miroir. À travers ce défi physique, qui consiste à tenir en équilibre sur un trait, Eve Bonneau, questionne notre relation à la limite, et à l'illusion. Lâcher ou résister ? Poursuivre ou s’interrompre ?
https://evebonneau.com/
Eve Bonneau |
Political Ideation Lists, performance, 2019.
La croyance en l’efficacité administrative sur laquelle une société s’arrime, OJAI : Office for Joint Administrative intelligence de Gary Farrelly, en mime les idiomes technocratiques, et démontre la dimension aussi bien contraignante, que baroque, des gestes bureaucratiques dans l’espace public. Gary Farrelly, par ses fictions politiques interpelle, et interroge notre pseudo citoyenneté dans une démocratie des réseaux.
http://garyfarrelly.com/
Slow action, film, 2013.
Ben Rivers nous situe directement dans la science-fiction comme dernier lieu de l’activité créatrice. Quel type de société pourrait se développer loin du monde, coupé de tout, dans une île isolée, mais qui néanmoins qui continuerait de survivre activement à l’effondrement alentour ? Ben Rivers filme des îles utopiques comme des traités de la peinture, en même temps que des constats écosystémiques d’une humanité, et d’une terre dévastée. À partir de recherches biogéographiques effectuées sur plusieurs îles, ce film imagine notre terre dans les siècles à venir. Le commentaire érudit tente de retrouver les informations susceptibles d’aider à la reconstruction de ces mondes disparus, et permettre à de micro société future d’émerger à nouveau.
http://www.benrivers.com/
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Bonjour Pourriez vous noter le crédit photographique :philippecalandre©
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